Mille et une couleurs de vignes…
On aime l’automne pour ses couleurs éclatantes : du rouge écarlate au rouge cardinal, du jaune ambré au jaune impérial, des oranges aux notes plus cuivrées, sans oublier les verts sombres et toutes les nuances de bruns… La vigne aussi arbore des tons intenses et lumineux avant de s’endormir pour l’hiver.
Mais d’où viennent-elles?
Rappelons-nous : au départ, la feuille est verte. Certes, chaque cépage a sa nuance de vert, parfois un peu bronzée, parfois foncée, parfois très éclatante. Quoi qu’il en soit, la feuille est verte, très riche en chlorophylle, un pigment vert. La chlorophylle est nécessaire à la photosynthèse, cette opération qui permet à la feuille de créer des sucres à partir de l’eau du sol (venant des racines), du gaz carbonique, de l’air et de la lumière ! Pendant toute la saison végétative, la feuille a été une véritable usine à sucre, pour fabriquer dans un premier temps des feuilles et de la chlorophylle et dans un second temps toute la matière nécessaire aux belles grappes de raisin que nous avons vendangées récemment.
Quand le vert disparaît…
Mais voilà, en septembre, les jours diminuent, la lumière du soleil est moins présente que les nuits et la photosynthèse ne peut plus se réaliser dans de bonnes conditions. La synthèse de la chlorophylle diminue puis s’arrête, les pigments présents se dégradent libérant ainsi des nutriments que la vigne va stocker dans ses sarments ou racines. C’est le cas par exemple du magnésium, élément central de la chlorophylle, mais aussi d’autres nutriments indispensables à la stabilité de ce pigment et à son activité. La plante a besoin de faire des réserves pour passer l’hiver et préparer ainsi le futur printemps.
…se révèlent un camaïeu de couleurs chatoyantes.
Peu à peu, les pigments verts disparaissent et laissent la place à d’autres pigments, d’autres couleurs. Ils étaient présents, mais masqués pendant le cycle végétatif. Ces pigments comprennent les anthocyanes (qui donnent des teintes rouges et violettes), les caroténoïdes (qui donnent des teintes jaunes et oranges) et les tanins (qui peuvent donner des teintes brunes). Et voilà la vigne habillée pour un festival de couleurs !
À quoi servent les pigments révélés à l’automne ?
Chaque couleur son pigment ou plutôt son équilibre entre les pigments. Dans les teintes jaune orange, ce sont les caroténoïdes qui dominent, dans les teintes rouges à pourpre, ce sont les anthocyanes. On trouve aussi des teintes plus brunes et plus ternes, plus riches en tanins.
Les pigments chatoyants ou les garants d’une bonne activité de la feuille
Présents dans les feuilles de vigne tout au long du cycle végétatif, les caroténoïdes et anthocyanes sont essentiels à l’activité de la vigne et surtout au bon fonctionnement de la feuille. Ce sont des photo-protecteurs. En effet, ils absorbent la lumière quand elle est en excès et tout particulièrement les lumières bleues ou ultraviolettes qui pourraient endommager les tissus des feuilles.
Ce sont aussi de puissants antioxydants. En effet, l’activité de la feuille ou les agressions qu’elle subit de la part des champignons notamment, produisent sans cesse des radicaux libres, qui peuvent à terme endommager les molécules essentielles de la plante. C’est là qu’interviennent les antioxydants : ils neutralisent les radicaux libres.
Enfin, bien qu’ils ne soient pas directement impliqués dans la photosynthèse, ils jouent un rôle de régulateur en filtrant la quantité de lumière qui atteindra les chloroplastes, siège de la photosynthèse.
Et les tanins, alors ?
Les tanins se concentrent surtout dans la peau et les pépins et on les retrouvera plus tard dans le vin. Mais il y en a dans d’autres parties du cep, notamment les feuilles. Le rôle des tanins est un peu différent de celui des caroténoïdes ou des anthocyanes. Ils ont un goût amer ou astringent, bref peu appétant pour certains herbivores (insectes ou mammifères). La plante tente ainsi de se protéger. De même, leur rôle est notable dans la santé du végétal avec des actions antifongiques et antimicrobiennes. Ce sont aussi des régulateurs de croissance qui permettent de renforcer la structure des feuilles.
Les autres changements de la vigne avant l’hiver :
La chute des feuilles :
Les feuilles chatoyantes sont peu fonctionnelles et ne servent plus à la vigne. Avec la chute des températures, la vigne coupe peu à peu l’alimentation en eaux et en minéraux à ses feuilles en formant une sorte de petit bouchon à la base du pétiole. Sans alimentation, la feuille dépérit, se dessèche et tombe.
Quand le rameau devient sarment :
On observe aussi un changement de couleurs sur les rameaux de l’année : ce phénomène commence dès le mois d’août et se termine à l’automne : les rameaux porteurs de grappes étaient verts, légèrement bruns ou colorés, mais petit à petit, ils se brunissent, prennent un aspect plus boisé, d’abord à la base puis ce changement progresse jusqu’à l’extrémité du rameau. C’est l’aoûtement et le rameau devient sarment. Ce n’est pas qu’un changement de couleur, mais un changement complet de la texture : le sarment est dur, résistant : il pourra ainsi passer l’hiver.
Après une année aux mille tons de vert, la vigne nous offre un beau spectacle coloré qui annonce la sénescence foliaire. La vigne s’est préparée pour l’hiver et entre ainsi en dormance, en repos bien mérité !
Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter de profiter de ces beaux paysages que vous pouvez nous partager avec une petite photo sur nos réseaux sociaux.
Encore une fois intéressant, et bravo pour le respect de l’orthographe.