Une journée de vendanges :

 

Cela fait longtemps que l’on avait envie de vous emmener avec nous pendant une journée entière de vendanges, une journée spéciale. Car ce n’est pas uniquement du raisin que l’on vendange. C’est aussi le fruit de toute une année de travail, d’attention et vigilance, juste avant un nouveau départ celui de la magique transformation du raisin en vin.

Allez on y va…

Vendanges nocturnes

On ne peut pas dire qu’il fasse nuit noire, car le ciel dégagé et la lune bien ronde et lumineuse éclaire la cour. Toutefois, tout semble encore endormi. Pourtant l’une des portes sectionnelles de la cave est déjà grande ouverte. Même si on favorise l’aération toute la nuit, dans la cave, des cuves fermentent déjà activement et le gaz carbonique se concentre. C’est la première opération d’importance le matin… et juste après, on prépare un café. Il faut dire que toute l’équipe n’est pas encore bien réveillée, l’horloge de la cave n’affiche pas encore 5h… Mais déjà, on fait le point des objectifs de la journée. Pour aujourd’hui ce sera quatre bennes de Valençay blanc : on commence par les Sauvignons des Bois Cherts. C’est parti, tout le monde prend sa frontale et commence ses activités…

Denis, notre chauffeur de la machine à vendanger, part vers la parcelle à récolter. Pendant ce temps Catie vérifie la benne : l’échelle, l’arrosoir et le bidon de soufre nécessaire à protéger la vendange sont là, dans quelques minutes, elle prendra la même route pour rejoindre la machine à vendanger. Mais pourquoi partir si tôt ? pour les raisins pardi ! Que ne ferait-on pas pour préserver tout leur potentiel ? Les nuits sont fraîches et ce froid développe les arômes : on mettra d’ailleurs les jus une fois pressés à basse température, mais rien de mieux que de favoriser la continuité avec les températures nocturnes et ce sera bien plus facile d’atteindre le 6° avec une déjà vendange fraiche !

Réveil du chai

À la cave, les activités ne manquent pas : Antonin s’active autour du pressoir. Il doit installer le tapis encuveur, la pompe et les différents tuyaux, il y a aussi le bac de réception du jus… Et puis il y a le marc du second pressoir à vider. Pendant ce temps, Karine mesure la densité et température de chacune des cuves. Plus les vendanges avancent et plus, il y a de cuves à surveiller.

Pas le temps de finir pour l’instant, Catie revient déjà avec la première benne et il faut la guider : reculer avec la benne de nuit, entre l’auvent et le stock de bouteilles, bien se positionner dans l’axe du tapis encuveur n’est pas toujours facile. Mais cela fait déjà plus de dix jours que les vendanges ont commencé et la manœuvre est bien rodée ! Antonin installe le tuyau pour récupérer le premier jus et enclenche la pompe : le jus de raisin arrive déjà dans la cuve 28. Karine vient juste d’inerter la cuve avec une pelle de carboglace, l’oxygène a ainsi été chassé de la cuve et le jus sera protégé de l’oxydation.

Catie, un paquet de biscuits à la main, se dirige déjà vers la deuxième benne. Les bacs de la machine à vendanger seront pleins et prêts à être vidé quand elle arrivera à la parcelle.

Le jus de la benne a fini de s’écouler, le tapis encuveur tourne déjà et on ouvre la porte de la benne : la visse laisse venir les premières baies. Elles tombent sur le tapis qui les emmène tout droit dans la cage de la presse. Antonin, à califourchon sur le pressoir, surveille le remplissage pendant que Karine, une petite cruche à la main, prélève le premier jus pour un contrôle de maturité : on note le degré potentiel et l’acidité de chaque benne.

“Stop c’est bon pour ce côté” crie-t-il. . 2 min juste le temps de tourner la tête du tapis encuveur vers la deuxième porte du pressoir et c’est reparti. Cela fait une petite demi-heure que la benne est là et elle est déjà vide. Antonin ferme les portes, Karine lance le programme de presse qui dure près de 3 heures et demie. Le jus s’écoule par les drains dans le bac sous le pressoir et le flotteur déclenche la pompe pour envoyer le jus dans la cuve 28.

On grignote une petite pomme avant d’enchainer : il faut installer le tapis en face du deuxième pressoir. Catie ne va pas tarder. Pendant ce temps, Karine et Francis font un petit point sur les densités. Il va falloir enlever le froid sur la cuve 12. Il faudra aussi remonter la cuve 1, 2 et 3 et cliquer la cuve 25 et 18, mais on verra tout ça une fois que le deuxième pressoir sera plein.

Une matinée rythmée

Aussitôt arrivée, aussitôt repartie, Catie file vers les vignes alors que Karine et Antonin emplissent le deuxième pressoir. Les mêmes gestes se répètent, tout s’enchaîne… Le soleil se lève juste et les deux pressoirs tournent déjà !

Les pressoirs sont pleins, mais il y a encore de nombreuses activités à la cave. Karine installe le bac de remontage devant la cuve 2, un tuyau, une pompe et c’est parti pour 20 min de remontage et aération : le jus tourbillonne et emplit le bac, il est ensuite pompé et envoyé dans une canne jusqu’au sommet de la cuve, l’asperseur tourne et humidifie parfaitement le chapeau : ce marc constitué de pépins et pellicules des baies diffuse lentement dans le jus, tanins et couleurs ! On voit la différence depuis la semaine dernière, le jus est plus intense, plus sombre, plus pourpre.

Catie a reculé la benne sous le hangar en attendant que le premier pressoir soit vide et juste un petit coucou à la cave et elle repart avec la dernière benne.

Changement d’activité, changement de cuve, changement de couleurs : c’est le débourbage des blancs vendangés il y a deux jours qui commencent. On pompe le jus surnageant de la cuve pour le mettre dans une autre toute propre. Une fois le jus aspiré, il ne reste que les lies…

Il est déjà 9h30 et personne n’a vu le temps passé. Absorbés dans les activités du chai, Karine et Antonin n’ont pas entendu la machine à vendanger revenir. Denis entre à la cave en sifflotant les ”gendarmes”. Tout le monde se réunit pour un autre petit café… Petite pause bien méritée.

Il n’est pas encore 10h, la journée est bien avancée, mais loin d’être terminé : Denis enfile sa cave de pluie. Il va laver et graisser la machine à vendanger.

C’est déjà l’heure de vider le premier pressoir et de le remplir à nouveau. Pendant ce temps Catie part avec le vieil expert dans les vignes pour quelques prélèvements : il va falloir décider ce que l’on vendangera demain.

Casse croûte des vendanges

Ça y est, c’est l’heure de la pause déjeuner bien mérité par chacun : les pressoirs tournent, les bennes sont propres et rangées sous le hangar, la machine est prête pour demain. Tous s’installent autour de la table : au menu, pâté et champignons à la grecque, tomates farcies, Valençay et compote de pommes ! Chacun boit son verre dans un silence surprenant : la fatigue se fait sentir, mais très vite la discussion repart : la chasse alors ? Il y avait un cerf dans les vignes de la Mourette , combien de cors ? t’as gouté la 16 ? t’es sûr que tu ne veux pas la dernière tomate ? Le repas se poursuit dans la bonne humeur entre plaisanteries, anecdotes et coups de fourchettes !

Vaisselle, café et c’est reparti…

On vendange demain ?

Denis et Catie ont presque fini la journée : reste à vérifier le remplissage de la cuve pour nettoyer la machine à vendanger, ranger quelques bricoles et fixer l’horaire pour demain.

Antonin lave la cuve qui vient d’être débourbée avant d’aller vider et laver le pressoir qui se termine. Karine note les derniers contrôles de maturité. Antonin s’en va laissant Karine surveiller le dernier pressoir et pomper les derniers jus. Le marc sera vidé demain à l’embauche. Encore un petit tour de vérification des cuves :

-chapeaux des garde-vins, c’est bon

-réglages de températures, c’est parfait,

-la porte est bloquée légèrement ouverte sur le bas

– coup de raclette dans le chai…

Tout est prêt pour demain.

Il est 16h30 : un silence apparent règne à nouveau dans le chai… Seulement apparent, car dans les cuves, les levures travaillent et avec un peu d’attention, vous entendrez ce pétillement incessant !

Une matinée de vendanges aux vignobles Jourdain en image : juste ici !